LES JOYAUX DE LA COURONNE
La couronne royale des Capétiens aurait possédé une épine de la couronne du Christ, placée sous une escarboucle de 278 carats. Cependant, il a été découvert que cette pierre était en fait un spinelle. La Couronne d’Angleterre depuis 1367 comporte également un spinelle, incrusté sur une croix de Malte à l’avant de la coiffe impériale, et peut être admirée à la Tour de Londres.
Un des ouvrages les plus remarquables est la coiffe de Saint-Venceslas, créée en 1347 pour le couronnement de Charles IV, empereur romano-germanique. Cette coiffe comporte des saphirs, des émeraudes et des perles, ainsi qu’un rubis oriental étincelant de 250 carats. Elle peut être admirée aujourd’hui dans une salle de la Cathédrale Saint-Guy de Prague, mais pour accéder au trésor, il faut obtenir les sept clés confiées à sept hauts responsables de l’État et de l’Église. Une copie de la coiffe est exposée au Château de Prague.
LE RUBIS ET LES ROIS D’ORIENT
La pierre rubis a les plus anciennes et les plus impressionnantes mentions en Orient, où elle est un symbole important de la religion islamique. Dans le Coran, elle est étroitement liée à la création de l’homme. Les souverains orientaux en ont fait un symbole de grand pouvoir en la portant sur leurs aigrettes de turban, haut des bonnets de mandarins chinois, attaches de somptueux vêtements, bijoux, trônes et même les harnais de chevaux.
Dans ses récits de voyage, Marco Polo mentionne le roi de Ceylan, Sendemain, qui possédait le plus beau et le plus gros spécimen, “long comme une paume et gros comme le bras d’un homme”. Le monarque de Siam posséderait également une espèce capable d’éclairer toute la chambre où il se trouve. Au XIIIe siècle à Bagdad, le calife Mostanser Billan de la dynastie des Abbassides est contraint de céder ses trésors aux Turcs victorieux, dont un paon en or orné de pierres précieuses et aux yeux écarlates, ainsi qu’un coq à la crête sertie.
À PARTIR DU 16E SIÈCLE
À cette époque, le diamant commence à remplacer la pierre rubis comme pierre de prédilection des monarques. Les histoires fantastiques sur les dragons et les chimères ne sont plus crues par les médecins et les philosophes, et les découvertes scientifiques font tomber les vieilles superstitions. Cependant, les voyages d’exploration continuent de mettre en avant cette pierre précieuse, en comparaison avec la magnificence des atours des monarques orientaux. Les explorateurs rapportent des découvertes impressionnantes et la pierre rubis continue d’avoir un statut de premier rang dans la joaillerie, notamment pour son éclat rouge profond et sa pureté.
À PARTIR DU 19E SIÈCLE
Vers 1800, les avancées en gemmologie permettent de classer le rubis parmi les corindons, aux côtés d’autres pierres précieuses.
En 1852, les Anglais annexent une partie de la Birmanie, y compris le territoire de Pégu, réputé pour ses magnifiques rubis. L’Occident espérait une période d’abondance et de négociations faciles pour les pierres précieuses, mais la présence de tigres, de serpents et d’autres dangers dans ces régions difficiles d’accès empêche une exploitation intensive.
À partir de 1886, deux chimistes français, Edmond Frémy et Auguste Verneuil, collaborent pour créer un spécimen synthétique de rubis. Frémy produit le premier cabochon utilisable en horlogerie, tandis que Verneuil développe une méthode de fusion de l’alumine en poudre dans la flamme d’un chalumeau oxhydrique pour créer des rubis synthétiques de couleur rubiconde en ajoutant de l’oxyde de chrome. En 1904, cette méthode devient opérationnelle sous le nom de “procédé Verneuil”.
Bien que les Grecs et les Romains aient fait référence aux rubis du Sri Lanka dès 480 av. J.-C., l’origine la plus connue se trouve dans la vallée de Mogok au Myanmar. Cette source, épuisée aujourd’hui, était à l’origine de certains des plus beaux “Sang de Pigeon” au monde, présentant une couleur et une transparence exceptionnelles. Les rubis de cette qualité sont aujourd’hui extraits à Mong Hsu, au nord-est du Myanmar. Les monarques de Birmanie étaient même appelés les “Seigneurs des Joyaux” en raison de leur étroite association avec l’extraction de pierres précieuses.
D’autres gisements de rubis se trouvent en Afghanistan, en Chine, en Inde, au Cambodge, au Kenya, à Madagascar, au Mozambique, au Pakistan, au Sri Lanka, en Tanzanie, en Thaïlande et au Vietnam. Le rubis est connu comme la pierre de naissance du mois de juillet et incarne la passion, l’amour et la romance. Il est également associé à de nombreux mythes, tels que la croyance ancienne des Indiens en un feu intérieur éternel capable de conférer la longévité.
LA RARETÉ
Le rubis est l’un des joyaux les plus rares et les plus coûteux, en particulier lorsqu’il est d’une couleur écarlate claire, qualifiée de “AAA” s’il est également très transparent. Bien que les rubis soient dichroïques, c’est-à-dire qu’ils contiennent deux couleurs, comme le pourpre et l’orange, les variétés les plus nobles ne contiennent que 80% de rouge pur et affichent souvent une couleur secondaire telle que l’orange, le rose, le pourpre ou le violet.
L’absence totale d’inclusions dans les rubis est rare, et le chrome responsable de leur couleur peut causer des défauts mineurs similaires à ceux que l’on trouve dans l’alexandrite et l’émeraude. De manière paradoxale, de minuscules inclusions de titane, appelées “soies”, peuvent parfois améliorer la réflexion de la lumière à l’intérieur du rubis, augmentant ainsi sa beauté et sa valeur.
FACTEURS DE QUALITÉ D’UN RUBIS
Le prix d’un rubis est évalué en fonction de sa taille et de sa couleur, qui peut faire varier considérablement son prix par carat. Les pierres de couleur rouge pur et éclatante sont souvent inestimables. En revanche, les pierres qui tirent sur l’orange ou le violet sont considérées comme de moindre qualité et leur prix sera en conséquence plus bas. Ainsi, il est possible de trouver des bijoux avec des prix très différents en fonction de leur taille et de la qualité de leur couleur.
